Anne Marie Roussel ne savait pas, lorqu’ elle a commencé par glaner ces bouts de bois échoués sur les rives, charriés et polis par les courants, qu’ils allaient devenir pour elle une source d’inspiration sans cesse renouvelée.
Pendant une dizaine d’années elle n’a fait que les collecter, les engranger par brassées avant de se laisser embarquer par leur pouvoir évocateur et qu’une connivence sans faille s’installe avec eux.
Puis le geste est venu et quand elle a commencé par les assembler, elle a vu se dessiner un univers qu’elle n’a plus cessé d’habiter.
Quand elle conçoit une œuvre elle peut avoir une idée de représentation au départ et la réaliser, mais le plus souvent, au fur et à mesure de la construction, cette idée se transforme et en laisse apparaitre une autre. C’est dans cette association d’idées, d’images et de lâcher prise que va s’élaborer une sculpture.
La technique reste au service de ce reliage. Elle visse, solidarise le plus délicatement possible ces bouts de bois entre eux
Elle puise son inspiration dans l’humanité ordinaire, ses pièces sont pour la plupart figuratives, empreintes de poésie et de fantaisie. Souvent elles se répondent entre elles et constituent un peuple animé des meilleurs intentions du monde: ses personnages s’aiment, ses animaux dansent, ses poules piaillent…..
Elle aime exposer, mettre en scène ses œuvres, leur faire parcourir d’autres rives.
On peut penser qu’elle n’est peut être pas très sérieuse de passer son temps à jouer et à dialoguer avec des bouts de bois et de trouver cette activité indispensable. Mais en réalité se fabriquer des chimères, c’est un sacré boulot.
Son futur se dessine à Marols, village avec lequel elle a tissé des liens authentiques et chaleureux et dont l’environnement naturel encore protégé ne peuvent pense t’elle que stimuler son imaginaire.
Dessin, peinture, découpage, collage, Bénédicte Serre baigne dedans depuis son enfance. Après des études aux Beaux Arts, elle intègre les studios Folimage et travaille dans l’atmosphère du dessin animé pendant plus d’une décennie. Elle met fin à cette expérience qui la marque profondément pour gagner plus de liberté et pour se consacrer pleinement à sa propre création.
Son parcours artistique est particulièrement fourni. Enormément d’expositions seule ou en collectif ainsi qu’un réseau de galeries dans toute la France et à l’étranger. Aujourd’hui, Bénédicte possède son espace d’exposition dans le village d’artistes de Marols.
Bénédicte a développé une technique très personnelle qui mélange le collage et la peinture. C’est à partir de croquis crayonnés sur des petits carnets ou des bouts de papier récupérés qu’elle élabore ses tableaux. D’abord par le collage de papier préalablement peint qu’elle découpe ou déchire et qu’elle assemble jusqu’à saisir la forme désirée. Puis vient la peinture, par couches successives, pour atteindre l’ambiance, l’atmosphère, le ton souhaité. Bénédicte se laisse guider par son inspiration. La manipulation du papier et l’application sur la toile lui permettent de la trouver. Ce toucher, cet aspect tactile, elle en a besoin pour créer. Ne pas savoir à l’avance, se surprendre, voir où cette inspiration va l’entraîner, reste vital pour l’artiste.
L’univers de Bénédicte est riche, vaste, multiple par les thèmes abordés. Il y a ici une véritable écriture du monde ! Des thématiques sont récurrentes, les enfants, les couples, les animaux, l’architecture, la nature. Les premières,l’artiste les voit comme créations de détente. La thématique de l’architecture, avec ses villages perchés, sortes de croisement entre l’estampe chinoise et le conte de fée et celle de la nature, avec une prédominance pour l’arbre, Bénédicte les ressent comme des créations de sérénité.
Les tableaux de Bénédicte sont joyeux, plein de vie. Ils regorgent de couleurs. Ils sont emplis de douceur et de finesse. De cet univers, on peut toutefois distinguer deux ensembles : l’un très léger qui symbolise les joies et les rêves de l’enfance, l’autre, plus contemplatif, se réfère à la maturité de l’adulte en quête de spiritualité. Mais qu’elle que soit le thème choisi, il y a chez l’artiste cette constance fondamentale : « aller vers le beau ».
le futur, Bénédicte Serre l’envisage dans la réalisation d’œuvres de plus en plus épurées, comme une exploration en profondeur de son monde intérieur. L’envie de tendre vers l’abstrait, raconter peu mais dire beaucoup.
Chantal Favier est une artiste autodidacte. C’est ainsi qu’elle aime se présenter. Pourtant, son passé professionnel dans l’imprimerie et dans l’artisanat l’avait déjà préparé, en lui enseignant la précision, la minutie, la patience comme conditions nécessaires pour aboutir à l’objet fini où l’approximation n’est pas permise.
La technique de Chantal Favier est un mélange de collage et d’assemblage utilisant la ficelle de lin polie, le rotin, le papier froissé ainsi que l’ajout d’éléments naturels tels que les graines de diverses origines. Basés sur des croquis préalablement pensés, les tableaux, les fresques, les réalisations, la définition exacte paraît un peu étroite au vue des créations, s’élaborent lentement, étape par étape. D’abord par le collage des formes pour le relief, puis par celui des graines et enfin de la ficelle qui va épouser les reliefs et contourner les éléments incorporés pour créer effets et mouvements. Le bois et le métal peuvent aussi apparaître dans certaines créations en collaboration avec d’autres artistes sculpteurs utilisant ces matières, des expériences qu’elle aimerait poursuivre dans le temps.
Chantal travaille au ressenti avec une recherche constante de l’harmonie des lignes. Pour elle, c’est primordial ! Les lignes, les volumes, les reliefs, les teintes se croisent et s’entrecroisent, se juxtaposent, se combinent, s’imbriquent à la façon d’un puzzle pour nous offrir des œuvres où les courbes omniprésentes apportent un mouvement vital évident, où les délicates nuances des tons naturels de la fibre végétale donnent un sentiment de douceur.
Les innombrables combinaisons de tous les matériaux employés, les paramètres mathématiques incluant lignes et volumes, rendent, à priori, l’œuvre finie impossible. Mais chaque réalisation s’achève, comme par miracle pour le profane, entre les mains de l’artiste « lorsque l’harmonie est atteinte » comme elle le souligne. Les œuvres de Chantal Favier sont captivantes, fascinantes, toujours intrigantes. Elles génèrent un sentiment profond de douceur, de vie où le caractère féminin de celle-ci se révèle au spectateur.
Le futur, Chantal Favier le voit dans une recherche plus approfondie, repoussant encore les limites trop étroites des deux dimensions d’un tableau, en incorporant l’espace comme dimension supplémentaire, ainsi que la lumière sur ou à travers l’œuvre. Des tissages commencent à voir le jour… C’est avec l’ambition de tendre vers des installations qui évoluent dans l’espace et le temps.
D’aussi loin qu’il se souvienne, Fabrice Daluseau peint. Il peint en passionné, énormément, tel un besoin jamais assouvi. Son atelier en est la preuve. Les toiles, achevées ou inachevées, s’entassent dans un agréable désordre apparent. Depuis 2009, il exhausse un des ses vœux les plus chers en devenant peintre à temps complet.
D’innombrables expositions ponctuent son parcours, quatre à cinq en moyenne par an, essentiellement dans un grand périmètre autour de Lyon et St Etienne. Aujourd’hui, son propre espace d’exposition à Marols lui permet d’être visible toute l’année.
Sa technique, peinture acrylique au couteau, est simple à l’image de l’homme. Pas de fioritures ici, on va à l’essentiel. Fabrice peint le vivant, autre chose lui paraît inconcevable, avec une très forte prédominance pour la femme.
De prime abord, face au tableau, on pourrait se laisser aller à penser à une réalisation rapide, spontanée, presque intuitive. Il n’en est rien. Le travail de base est mûrement réfléchi et lui demande une préparation longue et minutieuse, pensée dans ses moindres détails pour capter l’expression juste de ses modèles. De ces esquisses élaborées avec soin, Fabrice peut alors laisser parler son instinct. Les couleurs s’étalent au couteau. Pas de compromis ou de demi-mesures, elles sont vives à l’excès pour une interprétation dynamique, à la limite parfois de la provocation.
Aujourd’hui, Fabrice Daluseau explore la voie d’une peinture de plus en plus simplifiée, sorte de symbiose entre le Pop Art et la Bande Dessiné. Son futur ? Continuer à entretenir cette flamme créative avec comme leitmotiv, une citation de Bob Dylan : « hier est une illusion et demain n’est jamais là où on l’attend ».
François Didenot aime la matière, quelle qu’elle soit et sous toutes ses formes. Après des études dans la ferronnerie, il se met à fabriquer des objets de la vie de tous les jours quittant rapidement les sentiers trop restrictifs de l’artisanat pour ceux de l’art. Un art usuel, dans un premier temps, puis enfin celui de l’art, tout court. Depuis 2013, il est artiste à temps complet et a réalisé ou a participé à de nombreuses expositions. Aujourd’hui, il dispose de son propre espace d’exposition dans le village d’artistes de Marols.
Si le métal est prédominant dans les sculptures de François, il peut incorporer en partie d’autres matières telles que le bois, la pierre, le tissu.., en fait, tout ce qui peut présenter un intérêt à ses yeux. Sa technique inclut soudure, façonnage, pliage, découpe, taille et plus encore. L’homme s’autorise tout ! Pas d’interdits, aucunes limites. Dans cette folie artistique apparente, les œuvres sont, paradoxalement, extrêmement structurées et parfaitement équilibrées. Au vue de ses sculptures, « être libre », la devise de François, semble bien se vérifier.
Les sculptures naissent en rêve ou en schémas pensés. Pas de règles, ici non plus. L’idée créative peut surgir à tout moment, prête à être réalisée lorsque le moment est venu, ainsi elle peut mûrir longtemps comme se faire dans la foulée. François travaille à l’instinct, au ressenti, énormément ! Procéder autrement n’est pas envisageable.
Si le travail d’une sculpture s’achève lorsque l’artiste se sent satisfait, elle n’en reste pas moins jamais terminée à ses yeux. De la matière façonnée par la nature ou par l’homme, elle continue sa vie après lui. François se définit comme un transmetteur, renforçant cette idée de l’artiste passeur.
L’avenir, François le résume ainsi : « le futur, c’est de tout donner au présent ». L’artiste ressent aussi l’appel de la route, comme un cheminement extérieur mais aussi intérieur dans sa vie, mettant en scène le concept d’un artiste vagabond avec un profond attrait pour la nature. Dans un avenir plus proche, c’est la pierre qu’il souhaite travailler pour apporter sa contribution au projet artistique de la Vallée des Saints en Bretagne.